Dans son atelier perché sur une crête des avant-monts jurassiens, face au massif boisé de la Serre, Ludivine Gerardin façonne des tapis et objets en feutre de laine, à la croisée de l’artisanat d’art, du design sensible et de l’engagement éthique.
Ses créations invitent à ralentir. Elles traduisent une vision du monde plus lente, plus enracinée, plus attentive. Chaque pièce — tapis, coussin, panneau mural — est une présence, un refuge silencieux, une respiration dans l’espace domestique.
Le projet de Ludivine est né de son lien profond avec la nature et les paysages qui l’entourent. Elle travaille exclusivement avec des laines locales issues de races rustiques, peu valorisées dans les filières textiles traditionnelles. Ces laines, récoltées en circuit court, conservent leur caractère singulier : épaisseur des fibres, teintes brutes, végétaux incrustés — graines, brins de foin ou de paille. Autant de marques qui témoignent de la vie des troupeaux et des terres.
Chaque laine porte l’histoire d’un éleveur, d’un troupeau, d’un artisan tondeur ou fileur. Ces rencontres humaines nourrissent son travail autant que les fibres elles-mêmes. Ses objets deviennent ainsi des témoins du territoire, de ses élevages à taille humaine, de sa ruralité vivante, généreuse, parfois rude.
Ludivine utilise la technique du feutrage humide, un savoir-faire ancestral qu’elle revisite avec exigence et sensibilité. Le feutre devient une matière d’émotion : dense, texturée, presque minérale.
Au-delà des formes, ses pièces portent des valeurs : le respect des animaux, des hommes et de leur travail, et la préservation des paysages vivants. Elles ne sont pas de simples objets de décoration, mais des fragments de territoire, des vecteurs de lien, d’attention et de mémoire.



