Fidèle à sa mission de valorisation de la création, Ateliers d’Art de France met en lumière de nouveaux talents lors de cette 27e édition, avec 27 nouveaux exposants à découvrir. Céramiste née à Tokyo et installée à Paris, Ema Girardot crée des pièces uniques en grès (des bols, des tasses, des assiettes…), mêlant techniques ancestrales japonaises, matières naturelles et souvenirs d’enfance. Une œuvre sensible, entre geste, mémoire et terre.
Ema Girardot est une céramiste née à Tokyo et vit à Paris depuis 1988. Depuis l’enfance, elle a grandi entourée des objets en céramique que sa famille conservait précieusement. Parmi eux, les guinomi — ces petites coupes à saké que son père collectionnait — étaient ses trésors de jeu, utilisés en cachette pour ses dînettes. Ces souvenirs, marqués par la beauté simple et silencieuse des objets du quotidien, ont peut-être semé le désir de créer à son tour des objets aux influences japonaises.
Elle travaille principalement avec des grès, qu’elle cuit dans un four électrique à 1250 °C, une température qui permet d’atteindre une grande solidité et une richesse subtile dans les textures. Elle utilise différents types de grès qu’elle enrichit parfois de sable qu’elle rapporte du Japon, créant ainsi un lien tangible entre sa terre d’origine et son processus créatif.
Sur ses pièces tournées, elle trace des motifs abstraits à l’aide de techniques de gravure et d’incrustation, notamment la méthode traditionnelle coréenne du Mishima, ou encore par l’application d’engobes, qu’elle prépare elle-même. Ces décors, à la fois sensibles et graphiques, viennent révéler la profondeur de la matière.


La céramiste affectionne tout particulièrement le travail au colombin — une technique ancestrale remontant aux premières formes de poterie, comme celles de l’époque Jômon au Japon, il y a plus de dix mille ans. Cette approche lente et tactile, qui consiste à façonner des boudins de terre avec les paumes, lui permet un contact direct avec la matière. Contrairement à la pratique habituelle qui lisse la surface, elle choisit de conserver la trace visible des colombins sur l’extérieur de ses pièces. Ce relief apparent devient mémoire du geste, empreinte du dialogue entre la main et la terre, et laisse émerger une forme d’expression brute et organique.
Ema Girardot compose ses engobes à partir de différents mélanges de terres — grès blancs, rouges ou noirs, grès porcelaine, porcelaine, ball clay — auxquels elle ajoute des matières naturelles comme du sable du littoral japonais ou de la lave du Mont Fuji. Ces mélanges racontent, dans leur propre langage, une géographie intime et sensorielle.
Parallèlement, elle mène des recherches sur les émaux à base de cendres végétales (chêne, pin, cyprès), en s’appuyant sur les recherches du céramiste suisse Daniel de Montmollin, légende vivante dans son domaine. Elle cherche notamment à élaborer des émaux blanc mat, capables de sublimer les surfaces gravées ou engobées de ses pièces, sans les masquer.
Son travail se décline en objets décoratifs et utilitaires, souvent réalisés selon des techniques inspirées de son héritage japonais. Elle utilise, par exemple, de mini-colombins pour façonner des formes modelées, qui lui évoquent les céramiques de ses ancêtres. Aujourd’hui encore, elle poursuit, de manière presque instinctive, la quête de formes et de textures familières, nourries par ces images premières.


