Les salons de l'objet d'art

Raku et cuivre : la maîtrise d’un geste rare

(Re)découvrez le travail d’un céramiste passionné, qui crée des lustres en cuivre par une méthode Raku unique, fruit d’années de recherche et d’expérimentation. Après avoir émerveillé le salon Ob’Art Paris 2021, Gianbattista Ferraglio revient en 2025 présenter ses bols, tasses ou vases en cuivre.

L’aventure céramique de Gianbattista Ferraglio débute dans les années 1990, lors de sa rencontre avec Armel Hédé, qui exposait chaque samedi au marché de Dinard en Ille-et-Vilaine. Ce dernier lui ouvre les yeux sur la beauté des formes et la précision du tournage. Au début des années 2000, il rejoint l’atelier de Yoshimi Futamura en région parisienne. Il y découvre une autre culture, des formes puissantes, et surtout une relation intime et directe à la matière.

Après plusieurs années de formation et de maturation, il choisit de s’installer dans le Morbihan, à Rochefort-en-Terre, attiré par la beauté de la nature environnante. C’est là qu’il fonde son propre atelier, avec le désir de poursuivre ses recherches.

Dans ce dialogue permanent avec la terre et les éléments, la technique du Raku s’est imposée à lui comme une évidence. Elle offre une immédiateté, une apparente simplicité, mais exige toujours davantage à mesure que l’on en explore la profondeur.

Son voyage autour du cuivre commence avec l’exploration des turquoises, obtenues par cuisson Raku dans un four qu’il a construit de ses mains, au fond d’une ancienne cheminée extérieure. Ce four est depuis devenu le fidèle complice de ses expérimentations.

Progressivement, les recherches du céramiste le mènent vers l’univers des lustres — mais des lustres d’un autre genre. Sa méthode ne s’appuie sur aucune tradition existante. Deux cuissons très lentes sont nécessaires pour faire naître les jeux d’irisations et les nuances mouvantes du cuivre. Les premiers effets apparaissent dès la première cuisson, quand les flammes inscrivent dans l’enfumage des traces fugaces. Une cuisson supplémentaire, dans une atmosphère très réduite et un four à flamme inversée, permet alors de faire émerger ces marques subtiles laissées par le foin, la sciure et le feu lui-même.

Le cuivre est au cœur de son œuvre : il en extrait les couleurs, les reflets, les irisations. Le Raku lui offre une palette de bleus, de verts et de turquoises qui évoquent le Glaz breton — ce mot intraduisible qui désigne les mille variations de la mer.

Il polit ensuite ses pièces avec divers métaux — cuivre, fer, laiton, parfois même de la rouille — qui, à ce moment si particulier que les potiers nomment « quand la terre est amoureuse », laissent sur la surface des empreintes légères et éphémères.

Lisses ou marquées comme tatouées, ses pièces sont ensuite enduites de carbonate ou d’oxyde de cuivre, puis enfumées pendant de longues heures dans du foin ou de la sciure. Chaque cuisson est une épreuve, chaque pièce une œuvre unique — la trace sensible d’un échange profond entre la main, la matière et le feu.